73. LE TARTARE

Sublime descente.

L’escalier débouche en sa partie inférieure dans un tunnel d’émeraude sculpté de bas-reliefs.

— Je reconnais cet endroit. Il faut aller tout droit et tourner à gauche, annonce Orphée.

Un frisson me vient car moi aussi je reconnais ce décor, et même ce dialogue.

C’est la vision du futur telle que je l’ai eue avec Delphine. Comment est-ce possible ? Comment ai-je pu prévoir cet instant ?

Cette idée m’inquiète de plus en plus. Elle signifie que quelque part dans l’Univers ce futur était inscrit et qu’il était même « consultable ».

— J’ai le vertige, murmuré-je pour moi-même.

Je suis sur le point de m’évanouir, Aphrodite me soutient.

— Ça va ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Rien. Juste une sensation de déjà-vu, j’ai l’impression d’avoir déjà vécu cette scène.

— En rêve ?

— Non, en méditation.

Edmond Wells nous rejoint.

— Il y a un problème ?

— Michael a l’impression d’être déjà venu ici.

— Comme Orphée ?

Les autres me regardent de manière curieuse.

Pour ne plus y penser j’examine avec attention les scènes et les personnages gravés dans la roche translucide.

Une histoire se déroule : deux armées d’anges s’affrontent sur une centaine d’épisodes, durant lesquels certains en trahissent d’autres et à nouveau se combattent en volant au-dessus de villages de mortels dans le fracas de leurs épées.

— L’Armageddon. La bataille finale des anges de lumière contre les anges des ténèbres, précise Edmond Wells qui reconnaît certaines scènes.

— Qui a gagné ? demande Œdipe.

— À mon avis la bataille dure encore.

Nous progressons dans le couloir d’émeraude alors que les pas furtifs des présences invisibles se font plus nombreux. Quand nous nous arrêtons, une croix jaune se trace sur le mur vert pour nous encourager à poursuivre.

Parfois plusieurs croix jaunes apparaissent, comme si les êtres invisibles étaient impatients.

Enfin nous parvenons à une grande salle où deux trônes noirs se côtoient. Un grand et un petit.

Sur celui de gauche siège un géant en toge noire.

Il doit mesurer 3 mètres. Sa peau est très claire, presque laiteuse, des cheveux noir de jais tombent en mèches ondulées et huilées sur son front. Ses pupilles noires et brillantes semblent sous l’emprise d’une drogue excitante. Sa toge miroite d’un noir mat.

À côté de lui la jeune femme, de taille normale, 1,70 mètre tout au plus, paraît toute menue dans sa toge également noire mais brodée d’un fil doré. Elle porte des bijoux colorés, et notamment un long bracelet argenté agrémenté de pierres couleur jade.

— Bienvenue dans mon royaume, clame le géant à la peau blême. Je suis Hadès. Je vous ai envoyé des messagers pour vous guider jusqu’ici, j’espère qu’ils ne vous ont pas inquiétés.

Il ressemble à Zeus en plus jeune.

En fait, en plus beau.

Normal qu’il lui ressemble puisque Hadès est son frère aîné.

— Je vous présente la reine Perséphone, annonce le grand homme en toge noire. C’est elle qui permet aux cultures de pousser.

— Vous êtes le Mal ! lance Œdipe.

— « Le Mal » ?

— Nous savons que nous sommes en Enfer, reprend le jeune homme.

— « L’Enfer » ?

Hadès sourit.

— Que voilà une vision bien simpliste de mon royaume ! Je crois que vous avez écouté trop de propagande négative sur moi.

— Vous êtes le 13e dieu, rappelle Edmond Wells. Celui de l’arcane 13, l’arcane de la Mort.

— Ah, enfin une parole raisonnable. En effet je suis lié à la mort… mais la mort n’est-elle pas porteuse de renaissance ? Regardez bien votre arcane 13. C’est un squelette qui coupe ce qui dépasse du sol afin que de jeunes herbes puissent naître. Comme l’hiver, il annonce le printemps, n’est-ce pas, Perséphone ?

— Il faut accepter la mort comme porteuse de nouvelle vie, prononce la jeune femme d’une voix étonnamment aiguë.

— Mais tous ces gens que nous avons vus incrustés dans les murs, en train de pleurer et de gémir ? demandé-je.

Hadès hoche la tête.

— Ils ont eux-mêmes choisi de venir ici pour souffrir. C’est cela le paradoxe. L’Enfer est une notion inventée par les hommes, pour se punir eux-mêmes. Tous ces êtres que vous avez vus sur le parcours du Styx ont choisi librement de venir et choisi librement de souffrir. Quand ils en auront assez ils pourront repartir et se réincarner où et comme ils le souhaitent.

— Nous ne vous croyons pas ! coupe Œdipe.

— Pourtant c’est la triste vérité. La seule chose qui les retient ici est leur propre volonté de se châtier. Vous sous-estimez le pouvoir de la culpabilité.

— Je ne vous crois pas non plus ! lance Aphrodite. Il ne peut pas y avoir autant de volonté d’autodestruction dans une âme !

— C’est toi ma petite cousine… qui dis ça ?

Hadès se lève et s’approche d’elle.

— Il me semble que tu as rétréci, cousine.

Sa main naturellement va caresser la petite ride qui la préoccupe, elle la repousse aussitôt.

— Ici les âmes se torturent par la douleur physique, et toi tu tortures par l’amour, mais au final le résultat n’est-il pas le même ? Des êtres en souffrance ?

Aphrodite ne répond pas.

— Je te le répète : nous sommes tous libres dans un monde sans Enfer, mais certains d’entre nous ont choisi de s’inventer un Enfer parce qu’ils veulent délibérément souffrir. Ce lieu n’existe que par l’imaginaire des hommes. Et il n’est maintenu en activité que par leur peur, leur culpabilité et leur masochisme intrinsèques.

Son regard ne cille pas. À son côté, Perséphone approuve d’un hochement de tête discret, comme si elle était désolée de reconnaître que son compagnon a raison.

— Vous voulez dire que ce sont eux-mêmes qui ont choisi de se torturer, d’avoir le corps incrusté dans le plafond avec seulement la tête qui dépasse ? demande Edmond Wells, lui aussi incrédule.

Le dieu des Enfers explique de manière très didactique :

— Bien sûr. Il existe plusieurs raisons au masochisme, vous l’avez écrit dans votre Encyclopédie, professeur Wells. L’une d’elles peut être que lorsqu’on souffre on est en éveil, plus fortement ancré dans le présent, on se sent vivre plus fortement.

Il fait un signe et un serviteur invisible soulève un plateau qui semble voler lentement dans la pièce. Puis les verres se soulèvent à leur tour et s’emplissent d’un alcool turquoise aux relents douceâtres.

Je saisis celui qui flotte près de mon visage. Mes compagnons reçoivent la même offrande, mais, méfiants (surtout après la boisson du roi Pan), aucun d’entre nous n’y trempe les lèvres.

— Un autre plaisir du masochiste consiste à se plaindre. Quand on souffre, on peut prendre à témoin son entourage, on se sent un héros martyr et stoïque, continue Hadès.

Il claque dans ses mains et des torches s’allument. Elles flottent dans l’air pour venir éclairer des tableaux animés représentant des saints chrétiens à leur supplice : dévorés par des lions, pendus par les pieds, fouettés, écartelés.

— Le christianisme des origines a dû promulguer un édit empêchant les premiers adeptes de se dénoncer eux-mêmes. Ils voulaient souffrir pour partager la douleur de leur prophète. Ce n’est pas moi qui ai inventé cela. C’est vous.

La torche flottante illumine des flagellants chiites, des intégristes catholiques espagnols qui se fouettent avec des lanières agrémentées de clous, des Indiens barbus marchant presque nus avec au bout du pénis une corde attachée à un parpaing qui se balance. En Indonésie des hommes au regard halluciné se transpercent le corps avec des piques au son des tam-tams de leurs amis. Plus modernes : des rockers gothiques avec des piercings qui leur trouent le visage, des punks qui dansent au milieu de tessons de bouteilles. Des gravures d’Africains qui se font des scarifications, de femmes qui excisent une jeune fille qui hurle, d’un homme dans un cirque qui s’enfonce une longue épée dans la gorge, d’un groupe d’individus qui marchent sur des braises alors que le public les encourage par des applaudissements…

Nous préférons ne plus regarder les images-chocs d’un monde que nous ne connaissons que trop bien.

— Vous voulez dire que le Mal n’existe pas ? Qu’il n’existe que le manque d’amour pour soi-même ? demandé-je, intrigué.

La voix d’Hadès enfle, pour devenir très forte. Il martèle, comme lassé de le répéter :

— VOUS ÊTES LES SEULS RESPONSABLES DE VOTRE MALHEUR. C’EST VOUS QUI L’AVEZ INVENTÉ ET INSTRUMENTALISÉ !

Puis il poursuit, d’une voix plus douce :

— Vous êtes tellement durs envers vous-mêmes… À tous ceux qui viennent ici je propose de se montrer indulgents et de se pardonner leurs méfaits de leur vie précédente. Mais ils ne m’écoutent pas, ils ne se trouvent aucune excuse.

Hadès a un rire doux, plein de compassion.

— J’aime bien parler de ma fonction. Car vous êtes tous tellement habitués à juger que vous me jugez moi aussi, le soi-disant « Diable ». Je suis votre grand méchant imaginaire, alors que de méchant, il n’y a que vous-mêmes. Allez-y, j’attends vos questions.

— Pourquoi le monde n’est-il pas entièrement gentil ? demandé-je.

— Très bonne question. Et voici la réponse. Parce que si le monde était gentil, vous n’auriez aucun mérite à opter pour les bons choix. Vous vous souvenez de cette histoire que raconte Edmond Wells dans l’Encyclopédie ? Celle de la petite lumière qui demande à son père : « Est-ce que ma lueur te plaît ? » Et le père répond : « Parmi les autres lueurs je ne vois pas la tienne. » Alors la petite lueur interroge : « Que faire pour que mon père me voie ? » Et le père dit : « Rends-toi dans le noir. » La petite lueur se place dans les ténèbres. Et là le père peut enfin la voir et lui dit : « Tu as une très belle lumière mon fils. » Mais alors la petite lueur prend conscience qu’elle est entourée de noirceur et elle hurle : « Papa, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Hadès prend un verre de boisson turquoise qu’il sirote à petites gorgées comme un chat.

— Il n’y a que dans l’obscurité qu’on voit la lumière. Il n’y a que dans l’adversité que l’on peut reconnaître le mérite et la vertu.

Perséphone approuve à nouveau, avec cet air désolé.

— Oh oui, mon chéri.

Elle saisit la main de son compagnon géant qu’elle embrasse tendrement, comme s’il s’agissait d’un gros ours apprivoisé. Aphrodite, comme par réaction, se rapproche de moi.

— Autre question, mes amis ?

— Pourquoi les tueurs en série ? demande Œdipe.

— Très bonne question. Parce qu’ils avaient jadis (et ont encore) une fonction. Écoutez-moi, c’est le point de vue de votre « Diable » mais il vaut ce qu’il vaut. La société humaine agit comme une fourmilière. Elle a besoin de produire des êtres spécialisés. Autrefois les royaumes avaient besoin de chefs militaires agressifs très motivés. Pour en obtenir il leur fallait des « enfants en colère ». Donc des enfants battus. Un enfant battu en veut au monde entier et il va mettre toute son énergie à écraser les autres. Il en sortira un chef de guerre terrible qui dépassera les autres chefs de guerre non névrosés.

— Vous voulez dire que le groupe humain produit des parents abusifs pour obtenir des enfants enragés qui serviront à ses guerres ? s’étonne Œdipe.

— Exactement. Le problème c’est que dans les sociétés modernes les enjeux territoriaux ont disparu. Les enfants en colère qui ont envie de tuer tout le monde ne peuvent plus devenir des militaires envahisseurs. Alors sont apparus les tueurs en série.

— Toutes les névroses ne fabriquent pas des assassins, souligné-je.

— En effet, cette douleur est une énergie qui peut se canaliser différemment. Les névroses, les psychoses construiront des personnalités particulières capables d’accomplir par leur folie des choses que les gens normaux ne penseraient jamais à faire. Vous croyez que Van Gogh aurait mis autant d’acharnement à aller au bout de l’expérience des couleurs s’il n’avait pas été fou ?

— C’est un raisonnement spécieux, dit Edmond Wells. Vous avez l’air de sous-entendre que seuls les névrosés ou les psychotiques osent les défis artistiques intéressants.

— En effet.

— Mais il y a des gens normaux, heureux, tranquilles qui ont produit des œuvres extraordinaires.

Hadès marque sa surprise.

— Ah bon ? Qui ça ?

— Pour ne parler que de Terre 1, dis-je, Mozart.

— Désolé, vous ne l’avez pas connu. Moi si. Il était vraiment perturbé. Son père l’avait écrasé dans sa jeunesse pour en faire une sorte de singe savant à l’intention des cours d’aristocrates. Il vivait dans un trouble permanent. Il s’est ruiné au jeu de cartes.

— Léonard de Vinci ?

— Il devait être brûlé sur le bûcher à 19 ans pour homosexualité extravagante. Il avait lui aussi un gros problème avec son père qui l’a traumatisé.

— Jeanne d’Arc ?

— Une fanatique religieuse intransigeante qui avait des hallucinations.

— Le roi Saint Louis ?

— « Saint » ? Un tueur ! Il a créé sa réputation de « bon roi » en prenant un biographe officiel chargé de sa propagande : le moine Egelart. Sinon c’était une brute et un colérique qui organisait des massacres pour voler les gens dont il convoitait la richesse. Ne confondez jamais l’homme et sa légende.

— Beethoven ?

— Un père abusif l’a transformé en paranoïaque agressif. Plus tard il a volé son fils à sa belle-sœur et l’a forcé à devenir musicien jusqu’à ce que ce dernier fasse une tentative de suicide. Un type avec des colères terribles, violent et tyrannique. Il ne supportait pas la moindre contradiction.

— Michel-Ange ?

— Schizophrène. Délire des grandeurs. En plus le soir il se déguisait en femme car il n’assumait pas son sexe.

— Gandhi ? Vous n’allez quand même pas me dire que Gandhi était un névrosé !

— Un psychorigide. Il croyait toujours être le seul à avoir raison. Il n’écoutait rien ni personne. Lui aussi était tyrannique avec sa femme et ne supportait aucune contradiction.

— Mère Teresa ?

— S’occuper des autres est une manière de se fuir soi-même. Je crois que vous l’avez croisée lors de votre séjour dans l’Empire des Anges. Non seulement elle se fuyait elle-même, mais vous avez pu constater qu’elle savait ne s’occuper que des pauvres. Plus facile de régler les problèmes simplistes d’habitation et de nourriture que les états d’âme complexes des bourgeois ou les stratégies de pouvoir des dirigeants.

J’ai en effet un souvenir assez étonnant de Mère Teresa, dans l’Empire des Anges, obligée de découvrir les secrets de la Bourse et des opérations de chirurgie esthétique car ses trois clients étaient des nantis.

Edmond Wells tranche :

— Ce sont des paroles de Diable. Vous voulez salir ce qui est propre. C’étaient de saintes personnes.

Mais Hadès ne se laisse pas décontenancer.

— La plupart de vos soi-disant « saintes personnes » sont venues ici pour épurer leur noirceur, toutes saintes qu’elles soient aux yeux des autres mortels de niveau 3 ou 4. Je les ai vues se mortifier quand elles ont su qu’ici nous n’étions point dupes et que nous connaissions leurs vraies vies. J’ai essayé de les convaincre de se pardonner. J’ai échoué, alors je leur ai prêté mes salles de torture et elles ont exigé les châtiments les plus extrêmes.

— Nous ne vous croyons pas ! s’écrie Edmond Wells.

— Vos saints, vos personnages exemplaires, mais aussi vos leaders. Vous seriez étonnés de savoir combien de chefs d’État et de chefs d’entreprise, avant même d’arriver ici, fréquentent des salles de torture sadomasochistes sur Terre 1, ils se font subir des supplices que même moi je trouve « excessifs ». Probablement pour connaître un avant-goût de l’au-delà. Peut-être par prémonition. Sûrement par impatience d’expier. Car eux savent la réalité.

À nouveau son rire se fait doux, plein de compassion.

— D’ailleurs vous-même, Edmond Wells, dont je lis l’Encyclopédie comme tout le monde, n’avez-vous pas développé l’idée qu’en choisissant le moment où l’on souffre et la manière dont on souffre, on a l’impression de « diriger son destin » ?

Il cite de mémoire.

— Vous avez écrit : « Le masochiste pense que rien ne peut lui arriver de plus grave que la douleur qu’il s’inflige lui-même. Du coup les masochistes entretiennent un sentiment de toute-puissance sur leur vie et après leurs séances dans des maisons spécialisées ils peuvent exprimer leur sadisme sur leurs subordonnés dans leur travail. »

Le dieu de l’Enfer fait un geste de lassitude.

— Pour ma part je dirige une petite entreprise souterraine mais je suis une exception. Je m’aime bien moi-même, ou du moins je me supporte. Il faut dire que l’amour de Perséphone m’aide à m’apprécier…

Perséphone lui prend le bras et le couvre de petits baisers.

— … Et, m’aimant suffisamment moi-même, je peux être aimable envers les autres.

— Vous êtes écœurant.

— Vous êtes dans le jugement. Moi pas. Je n’ai rien contre vous. Vraiment. Toutes ces histoires sur le Diable ne sont que des calomnies pour faire peur aux enfants et donner du pouvoir aux prêtres. Quand comprendrez-vous ce piège ?

Hadès dirige son sceptre vers un écran et apparaissent, par le truchement d’une caméra de contrôle vidéo, les berges du Styx où des êtres nus se supplicient mutuellement.

— Vous voyez des diables ici ? Vous voyez un bourreau ? Si cela n’avait tenu qu’à moi j’aurais tout pardonné à ces pécheurs, n’est-ce pas, Perséphone ?

Elle affiche toujours son air désolé.

— Oh oui, mon chéri.

— Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Mon rêve serait que ce lieu n’existe pas, que ces gens se réincarnent en petits bébés pour découvrir de nouvelles expériences, en progressant vie après vie.

— Vous mentez !

— Encore un jugement de valeur. La vérité est que je rêverais de prendre des vacances. Mais le monde a besoin de noir pour faire ressortir le blanc, n’est-ce pas ?

— Tu as même essayé une fois de te mettre en grève, mon chéri.

— Oui, une fois. J’ai proposé qu’on ferme ce lieu de souffrance. Tout le monde en Aeden était d’accord, même Zeus, mais les âmes des mortels ont renâclé. « Pas question de fermer l’Enfer, nous en avons trop besoin. » Ah, comme les dieux sont doux et comme les mortels sont durs.

Mes compagnons et moi ne pouvons détacher nos regards de l’écran.

Nous commençons à nous accoutumer au spectacle de ces êtres qui se supplicient les uns les autres. On s’habitue à tout.

— Toutes les âmes séjournant ici s’y trouvent de leur plein gré et peuvent partir quand elles le souhaitent, rappelle Hadès.

— Faux. Mon Euridyce n’a pas pu partir parce que je me suis retourné, proteste Orphée.

— C’est elle, et elle seule, qui en a décidé ainsi. « S’il se retourne malgré l’amour que je lui porte, s’il n’a pas complètement confiance en moi, je préfère rester en Enfer. »

Orphée bondit et veut attraper Hadès, mais celui-ci le tient à distance.

— Je ne vous crois pas !

— Parce que vous sous-estimez sa culpabilité.

Atterré, je balbutie :

— Est-ce que…

— Je connais votre question… Vous voulez savoir si Mata Hari est ici, n’est-ce pas ?

Au lieu de répondre il se contente de sourire.

Considérant que nous avons assez profité de ce spectacle malsain, Hadès éteint l’écran et nous invite à nous installer dans son « boudoir ».

— Je vois que vous vous méfiez de mes boissons, prenez donc du thé à la menthe.

À nouveau les objets se soulèvent, les liquides coulent des théières dans les verres surgis des étagères. Le thé fumant nous est servi de haut. Nous goûtons.

— Quelle est la prochaine épreuve ? demande Edmond Wells.

— Quelle épreuve ?

— La prochaine épreuve pour continuer le chemin.

— Il n’y a aucune épreuve. Vous pouvez prendre ce couloir, il mène au sommet de la Montagne.

— Sans épreuve ?

Le géant en toge noire insiste :

— Bien sûr sans épreuve. J’ai toujours pensé que la seule épreuve réelle était le libre arbitre. Tout ce qu’on veut, on l’obtient. Le problème c’est qu’on se trompe de désir. N’est-ce pas d’ailleurs ce que vous avez constaté en étant un ange ? Comme disait Edmond Wells…

L’intéressé prononce lui-même sa phrase fétiche :

— « Ils essaient de réduire leur malheur au lieu de construire leur bonheur. »

— Parfait. Bravo. Voilà l’explication de tout. Mais vous avez énoncé le concept intellectuel et vous n’arrivez pas à en faire l’expérience réelle. Telle est désormais votre seule limite avant de rencontrer le Créateur. Être heureux. Ne pas vous tromper de désir.

— Vous ne m’avez pas répondu, insisté-je, contenant mal mon impatience. Est-ce que Mata Hari est ici ?

Le dieu des Enfers se tourne vers moi, l’air préoccupé.

— Voilà précisément comment on construit son malheur. Avec de mauvaises questions qui forcément entraînent les réponses qu’il vaut mieux ne pas entendre.

— EST-ELLE ICI ?!

— Oui, bien sûr. Elle est ici.

Mon cœur frémit.

— Et je vais pouvoir l’emmener ?

— Encore une mauvaise question. Et la mauvaise réponse est : Oui, bien sûr.

— Attendez ! s’offusque Orphée. Vous n’allez quand même pas lui refaire le même coup.

Hadès pose ses doigts sur ses lèvres.

— Je n’y avais pas pensé mais maintenant que l’idée a été exprimée, je suis obligé d’en tenir compte. Donc à cette troisième mauvaise question la réponse est : « Je n’ai plus le choix puisque vous venez de m’en suggérer l’idée. »

Je lance à Orphée :

— Tu ne pouvais pas te taire, toi !

Perséphone enchaîne :

— De toute façon comme Hadès vous l’a dit, ce sont les « locataires de l’Enfer » eux-mêmes qui fixent les règles de leur punition et de leur libération.

La jeune princesse en toge noire accentue sa moue désolée.

— N’est-ce pas, chéri ?

Il approuve.

— Non ! clame Aphrodite. N’y va pas, c’est un piège !

— Aphrodite a raison, confirme Orphée, tu vas souffrir.

— Si j’ai une seule chance de sauver Mata Hari je la tenterai.

Hadès hausse les épaules, fataliste.

— Comme vous voudrez. Puisque, petite lueur, vous voulez vous rendre dans les ténèbres pour vérifier l’intensité de votre lumière… suivez-moi, monsieur Michael. Votre nom après tout étant déjà une question, il est normal que vous soyez assoiffé de réponses.

Il avale d’un coup une rasade de sa boisson étrange et nous entraîne gaillardement vers une porte grise.

Le Mystere des Dieux
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